Un peu d'aide mon bon seigneur ? [Pv: Nareylen Delxior]

Le « Dernier Repos » : une auberge mal entretenue dont la salle principale, faiblement éclairée, gardait de profonds effluves de tabac et d’alcool. La clientèle était plutôt calme ce soir, fait rare dans le « village » de Gwän où la plupart des locaux étaient des bucherons, des chasseurs ou d’autres fous furieux capable de vivre à proximité de la forêt de Tzaï, à savoir des gens relativement peu civilisés et raffinés. Si contrairement à ce que le nom de la taverne pouvait le laisser entendre, on dormait très mal ici, il était plutôt bien trouvé sur un autre point car le bâtiment, bien qu’en piètre état, était le seul lieu habitable avant d’entrer dans les profondeurs de la végétation.

Jurant complètement dans le décor, Valérian avait choisi de s’installer dans le coin le mieux éclairé de la pièce, pieds croisés sur la table en train de lire l’un des nombreux ouvrages qu’il avait emporté avec lui. Ce soir, il n’avait rien consommé : passer la moitié de sa nuit à vomir par la fenêtre de la chambre miteuse qu’il habitait provisoirement avait suffi à le dissuader de tenter le diable une fois de plus. Se promenant quelques heures par jours aux alentours des lieux, il avait vite apprit à se nourrir de choses plus saines et naturelles. Sa situation n’était pas enviable mais après tout, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui : jeune Mage de la CIME désireux de se faire un nom, il avait vite comprit que les initiatives personnelles ne pouvait que l’aider et après de longues recherches elles-mêmes guidées par des rumeurs, Valérian avait localisé l’emplacement possible d’un artefact, dans la forêt de Tzaï.

Plutôt habitué à une vie de confort, il supportait péniblement l’isolement et le manque d’hygiène des coins plus ruraux, ce qui avait fini par le rendre irritable et désagréable. Parfaitement habillé et propre sur lui pour écraser les « pécores » de sa superbe, on aurait pu le remarquer au milieu d’une foule de plusieurs centaines de personnes. Sa chevelure rousse et sa peau de marbre semblaient briller en comparaison des têtes crasseuses des travailleurs d’ici, à l’instar de sa tenue blanche et noir mêlant cuir et soie qui avait plus de valeur que le lieu entier. Les pensées primitives des gens l’entourant n’avait fait que le conforter dans son impression, ces gens n’étaient pas civilisés et surtout, n’aimait pas les étrangers. Il possédait en revanche suffisamment d’or pour qu’ils acceptent de l’accueillir et de lui répondre. A son arrivé, le Mage avait pu sentir quelques intentions hostiles mais un petit sortilège avait suffi à impressionner suffisamment la galerie pour qu’ils mettent de côté l’idée de le voler.

Cela faisait maintenant deux jours que le noble cherchait un guide et, à bout de patience, il avait fini par promettre une belle bourse à la première personne qui lui trouvait un clampin capable de l’emmener à l’endroit précis qu’il recherchait. La motivation avait été suffisante pour que quelques jeunes du coin file dans les villages voisins faire passer le mot. Si dans trois jours personne ne pouvait l’aider, il chercherait une autre méthode, en attendant…

Le jeteur de sorts se replongea dans sa lecture, préférant oublier la possibilité d’un échec.

Kaëdor était une région que Nareylen appréciait : il y faisait chaud, humide, et elle y passait facilement inaperçu. Autant dans les endroits plus frais elle attirait l'oeil avec sa tenue légère, autant ici ce n'était pas un problème. C'était même le contraire : les étrangers chaudement vêtus intriguaient. Il y avait de tout en terme de races, elle n'était donc pas une source de curiosité. Bref, le paradis. Quant à ce qu'elle faisait là, c'était on ne peut plus simple : son client du moment désirait un artéfact soit-disant dissimulé quelque part dans la forêt de Tzaï. Dans le genre "indications vagues", c'était pas mal. Mais apparemment le bonhomme voulait vraiment cet objet, et après une bonne discussion il avait fini par révéler davantage de précisions.

La mission s'annonçait délicate si ce qu'il lui avait dit était vrai. Apparemment la relique serait gardée dans un temple dédié à Asmodée, le dirigeant soit-disant dieu de Kaëdor, quelque part planqué dans la forêt pour une obscure raison. Des fanatiques sans doute, à moins qu'ils utilisent le nom d'Asmodée pour dissimuler un autre culte ? Ca expliquerait qu'il soit difficile à trouver et que peu de gens soient au courant. Par habitude, la mercenaire avait enquêté autour d'elle mais personne n'avait pu lui donner de détails supplémentaires. Elle était bien forcée de se fier aux indications du client.

Mais dans ce cas, elle ne pouvait agir seule. La forêt ne l'effrayait pas, ce n'était pas la première fois qu'elle devait s'y rendre, mais il y avait beaucoup de créatures dangereuses, et, bien qu'elle n'ait rien à envier aux tigres et autres prédateurs, elle ne tenait pas à arriver au temple déjà fatiguée. Sa mission s'apparentait plus à un vol qu'à une recherche, elle voulait être en pleines possessions de ses moyens quand elle y parviendrait. Et puis c'est toujours bien d'avoir de la chair à canon sous la main. Mais... engager de l'aide ? Hors de question : ça coûtait des sous. Le but était de s'en faire, pas d'en dépenser !

Nareylen reprit donc sa tactique habituelle : elle erra aux alentours de la forêt en tendant les oreilles. Cela porta une nouvelle fois ses fruits : elle apprit qu'un elfe cherchait un guide pour se déplacer dans la forêt. C'était parfait : non seulement elle aurait son bouclier mais en plus il la paierait. Un bonus toujours intéressant à ajouter à sa mission. Les rumeurs disaient que c'était une espèce de noble qui se la pétait au milieu des autochtones, avec ses parfums et ses manières de grand homme. On disait aussi qu'il était mage. Cherchait-il la même chose qu'elle ? C'était peu probable, mais pas impossible, et ma foi si c'était le cas ça pouvait se révéler tout aussi intéressant. Son client ne l'avait pas payée d'avance, elle était donc en mesure de négocier un meilleur prix avec l'elfe une fois l'artéfact récupéré. Mais chaque chose en son temps.

La mercenaire glana quelques informations supplémentaires, puis rejoignit le "Dernier Repos", où l'elfe était censé être installé. En entrant, elle n'eut aucun mal à le repérer. Dire qu'il faisait tâche dans le décor était bien faible. On aurait dit qu'il était apparu ici par erreur. Déjà il lisait, et ça c'était assez rare dans le coin pour être noté. L'auberge n'était pas connue pour avoir une clientèle très instruite. Bien sûr venait ensuite sa tenue, plus qu'impeccable, qui montrait une maniaquerie de riche à toute épreuve. Riche... information intéressante à retenir pour les possibles négociations. Mais son attitude sortait un peu du cadre que le reste annonçait : les pieds croisés sur la table, c'était tout de suite moins classe. Un nouveau riche peut-être, ou quelqu'un qui se croyait trop au dessus des autres pour se fatiguer à jouer son rôle dans un endroit pareil, avec un public aussi bas de gamme. Ou encore une simple façon d'envoyer bouler les gens qui pourraient vouloir lui parler.

Enfin qui était ce type n'intéressait pas Nareylen. Elle s'avança sans une hésitation vers l'elfe. Si lui faisait noble, elle prônait clairement le pragmatisme. Sa tenue habituelle était on ne pouvait plus simple et efficace. Son short court et son débardeur ne gênaient aucun de ses mouvements, et ses hautes bottes rouges protégeaient ses mollets d'éventuelles morsures ou marécages gluants. Ses gants semblaient banals et inoffensifs, ce qui était le cas tant qu'elle n'ajoutait pas son équipement, dissimulé pour l'heure dans une sacoche accrochée à sa ceinture. Sa longue chevelure était vaguement attachée à la base, ce qui n'empêchait nullement de nombreuses mèches de lui tomber autour du visage et sur les épaules. Elle était clairement à l'aise ici, et se fichait bien de ce qu'on pensait d'elle.

Sans se gêner, la mercenaire s'installa en face de l'elfe et croisa les bras sur la table. Son regard flamboyant se posa sur son possible client sans une once d'hésitation. Déterminé et neutre, c'était tout ce qu'il montrait. Ce qu'elle pensait ou ressentait n'était ni à l'ordre du jour ni visible.

- Il parait que tu cherches un guide pour la forêt. Ta destination et ton prix ?

Oui, cash, la subtilité c'est pour les tapettes.

Valérian avait en premier lieu cru que quelqu’un du coin venait l’informer de quelque chose ou bien juste lui poser une question mais la voix de la jeune femme piqua sa curiosité et l’encouragea à s’intéresser à elle. Il prit le temps de la détailler, du moins, ce qu’il pouvait voir. La femme semblait petite, bien qu’assise, s’ils étaient côte à côte, il devait la dominer d’une vingtaine de centimètres mais elle dégageait cependant l’assurance de la guerrière sûre de ses talents et de sa force, celle qui ne perd pas. Les yeux rouges de la jeune femme trahirent ses origines, rien qu’à la regarder, le jeune mage pouvait presque refaire les grands traits de la vie de l’étrangère. Le sorcier nota aussi qu’elle n’était pas d’ici : son odorat lupin l’informait de l’absence de cette odeur attachée à la peau et même aux os des gens du coin. Habillée simplement, elle permit aussi au noble de noter ses muscles travaillés, signe qu’elle était une guerrière d’expérience. Méfiance, c’est ce que lui disait sa raison et pourtant, si elle pouvait vraiment l’accompagner à l’endroit qu’il désirait, en cas de dangers, ses talents seraient d’une aide précieuse…

En temps normal, Valérian aurait fait remarquer à l’étrangère qu’il aurait été plus courtois de le vouvoyer mais il sentait bien qu’il avait à faire au genre de personne qui aurait ignoré ce genre de remarque. Il prit le temps de la sonder, faisant semblant de prendre un air pensif, comme si il ne s’attendait pas à voir quelqu’un et qu’il était surpris, afin qu’elle ne comprenne pas ce qu’il était en train de faire.

*Argent, argent, argent…*

Au moins, il avait pu savoir ce qui motivait vraiment la jeune femme et heureusement pour lui, il n’avait pas un sous en poche pour l’instant, ou presque. Esquissant finalement un léger sourire après presque une minute de silence, il répondit :

« Je ne m’attendais pas à trouver quelqu’un aussi vite, bien, j’espère que vous connaissez parfaitement la forêt. Je suis à la recherche d’un temple, il a été construit pour le dieu local. Mes conditions sont simples, pas de questions, un voyage rapide et une bonne protection. L’argent n’est pas un problème pour moi, si nous trouvons le temple et que je rentre en un seul morceau, vous serez largement récompensé, avec un bonus possible si notre aventure se relève fructueuse pour mes recherches. »

Il décroisa les pieds, ferma son livre et se leva, puis courba légèrement le buste, une main posée sur le cœur, exécutant les mouvements avec une précision travaillée.

« Je suis Morshan Al’Chirya, assistant du conseillé en magie du Roi d’Almarie. A qui ais-je l'honneur et avez-vous une quelconque garantie à me proposer ? »

D’une traite, sans hésiter, il venait de se fondre dans la peau de l’une de ses couvertures qui, il le savait, lui serait forte utile. Le rôle qu’il prenait n’avait pas été choisi au hasard. Premièrement, personne ne connaissait les assistants, il était sûr que sa future guide ne pourrait pas le démasquer par ce biais. Ensuite, il travaillait pour le gouvernent d’Almarie, l’une des plus grandes puissances de la planète, aussi lui causer du tort serait une grosse erreur. Pour couronner le tout, aider quelqu’un de son rang assurait à la guerrière qu’elle serait payée à leur retour. Si dans la forme, tout était faux, dans le fond, il était membre de la CIME, qui n’avait rien à envier à son grand voisin et surtout, il avait une fortune personnelle conséquente et n’était pas du genre à mal récompenser quelqu’un, surtout pour une aide aussi précieuse. Une belle réussite lui assurerait une grande carrière, il ne fallait pas lésiner sur les moyens.

Nareylen attendit. Elle était patiente quand il s'agissait de pouvoir conclure un contrat supplémentaire. Bon elle n'irait pas poiroter des jours non plus, elle avait son orgueil et sa dignité, mais elle pouvait attendre le temps que l'autre l'examine et juge si elle était sérieuse ou pas, capable ou non d'exécuter ce qu'il voulait. Il semblait réfléchir, un peu surpris. Sans doute espérait-il un gros balourd costaud comme aide et non pas une frêle jeune fille d'une tête de moins que lui. Mais la jeune fille en question savait se mettre en valeur et son attitude montrait clairement qu'elle n'était pas à prendre à la légère. C'était d'ailleurs cela qui empêchait d'éventuels ivrognes de l'approcher pour la draguer. Ils sentaient bien malgré l'alcool que ce serait dangereux. Dans d'autres circonstances, elle pouvait vraiment donner la fausse impression d'être vulnérable, quand elle devait séduire pour parvenir à ses fins, mais ça restait très rare, exceptionnel. Elle préférait de loin les missions plus physiques qui ne se déroulaient pas dans un lit.

Finalement l'elfe répondit. Il cherchait un temple local ? Coïncidence ? Nareylen ne laissait rien paraître de ses émotions, comme toujours, mais elle se méfiait. Il ne devait pas y avoir une armée de temple dédié à Asmodée dans cette forêt. Le culte était connu et n'avait donc pas besoin d'être dissimulé au fin fond d'un lieu dangereux. Certes, il y avait toujours des fanatiques étranges, mais dans tous les cas il ne devait pas y avoir plusieurs temples. Quel intérêt ? Hm... Elle écouta attentivement son interlocuteur. Pas de questions, ça lui allait très bien. Ca laissait sous-entendre pas de bavardages, donc une certaine tranquillité. Un voyage rapide, parfait, c'était aussi son but. Quant à la protection, s'il lui obéissait, ça ne devrait pas poser trop de problème. Enfin, elle connaissait assez bien la forêt pour trouver son chemin, et les indications de son client principal étaient précises. Le seul soucis réel serait les créatures qui pourraient les forcer à faire des détours ou à combattre. Et ensuite... le temple en lui-même.

La mercenaire ne bougea pas de sa chaise quand l'autre se leva pour se présenter. Le contrat n'était pas encore conclu. Morshan Al'Chirya hein ? Ca ne lui disait rien du tout. Assistant d'un conseiller en magie du roi, carrément ? Mouais s'il voulait lui en mettre plein la vue, c'était raté. Elle garda son air neutre. Il aurait pu lui parler d'une tâche sur la table que ça aurait été pareil. Depuis qu'elle était chez les Al'Drëchonn, elle avait appris à ne plus se soucier des rangs des autres. Putains, marchands, nobles, et même rois faisaient appel à eux. A ses yeux, peu importait leur statut : ils étaient tous des clients, ni plus ni moins. Alors que l'elfe soit proche du roi d'Almarie ou d'un tavernier des quartiers pauvres de Saëros, c'était la même chose. Ca laissait juste présager qu'il aurait les moyens de payer un bon bonus, ce qui était certes intéressant, mais ne changerait rien à la vision qu'elle avait de lui.

Nareylen se contenta de hocher la tête en guise de réponse à son salut. Se lever, mettre la main sur le coeur, toutes ces manières, c'était pas pour elle.

- Nareylen Delxior, mercenaire Al'Drëchonn. Il n'y a pas de meilleure garantie, sauf si vous me payez d'avance.

La guilde était connue dans le monde entier, et si ce type était aussi instruit qu'il le semblait, il comprendrait ce qu'elle voulait dire. Cela dit, au cas où l'elfe aurait besoin de précisions sur ses capacités, elle préféra ajouter quelques mots.

- Je sais où se trouve ce temple et par où passer pour éviter le maximum de dangers. Je peux vous protéger si vous suivez mes instructions et ne posez pas plus de questions que moi. Si vous avez une quelconque prédisposition au combat, dites-le moi avant de partir que je puisse en tenir compte lors de la défense.

La mercenaire avait fait le topo général. Comme demandé, elle ne cherchait pas à savoir ce que l'elfe comptait faire au temple. Le contrat était une simple escorte, rien de plus. Ce qu'il voulait faire ne regardait que lui. Rien ne l'empêchait une fois sur place de demander un supplément s'il souhaitait son aide pour autre chose, mais pour l'heure ça n'entrait pas dans le contrat. Et s'il visait le même artéfact, ma foi... elle aviserait en temps voulu. Durant le trajet, elle lui montrerait peut-être ses capacités et avec un peu de chance cela le dissuaderait de lui disputer l'objet quand elle l'aurait, préférant la voie du marchandage. Ce qui lui conviendrait très bien.

Mais chaque chose en son temps. D'abord conclure le marché. Ensuite rejoindre le temple. Ce ne serait pas une partie de plaisir, alors le reste attendra.

Valérian ne s’offusqua pas du manque de manières de l’étrangère, il avait pris l’habitude de fréquenter les gens d’en bas au cours de certaines missions et laissait couler ce genre d’impolitesses, bien qu’à contrecœur. L’objectif était trop important pour qu’il perde son temps à expliquer aux gens mal éduqués qu’un minimum de manière peut ouvrir cent fois plus d’horizons que la force brute, surtout lorsque c’était peine perdue. Le noble pouvait au moins se vanter d’avoir bien choisi sa couverture, l’étrangère avait relevé que le rang qu’il avait énoncé promettait une paye sans retards. Gardant son sourire comme si il ne remarquait rien ou s’en moquait éperdument, il s’installa de nouveau sur son siège en écoutant l’étrangère lui répondre.

Al’Drëchonn, parfait, la réputation de cette guilde n’était plus à faire et surtout, ils étaient connus pour bien faire le boulot tant que la récompense en valait le coup. Nareylen avait de plus l’air de savoir ce qu’elle faisait puisque déjà, la guerrière prévoyait les situations futures, ce qui eut le mérite de rassurer le mage. En revanche, quelque chose le travaillait car méfiant, il n’avait cessé d’écouter les bribes de pensées qu’il arrivait à extraire de l’esprit de la mercenaire. Visiblement, elle cherchait déjà le temple mais pour une autre raison, qu’il n’avait pas réussi à percevoir. Se concentrant de nouveau sur elle, Valérian répondit finalement :

« L’évocation de votre appartenance est une garantie plus que suffisante. Pour le payement, vous pensez bien que je n’ai pas dans ce genre de lieux des sommes qui pourraient me mettre en danger, vous aurez tout dès que nous retrouverons la civilisation. Quand à mes talents, j’ai de solides bases en magie, suffisamment pour repousser un groupe de bandit ou un petit monstre trop téméraire. Quand pensez-vous être prête à partir ? Le plus tôt sera le mieux. »

L'elfe se rassit pour l'écouter avec son petit sourire. Il semblait se perdre parfois dans ses pensées, mais Nareylen s'en moquait. Le client est roi dit-on. Et parfois le roi est client. Amusant tiens... Elle attendit qu'il termine ses réflexions et l'écouta à son tour, aussi neutre qu'avant. Il connaissait bien les Al'Drëchonn, ce qui n'avait rien de surprenant, et cela sembla le convaincre de ses capacités, tout comme ce qu'elle lui avait dit. Pas de paiement en avance, dommage, mais cela laissait dans un sens la possibilité d'une plus grande récompense si jamais ils croisaient un ennemi de l'elfe. Oui, elle envisageait beaucoup de scénarii différents, surtout quand il s'agissait de gagner plus. Elle ne se faisait aucun soucis sur la promesse de payer plus tard : les gens savaient très bien qu'on ne roulait pas un Al'Drëchonn. Ceux qui avaient essayé étaient devenus de magnifiques références à ressortir pour quiconque imaginait arnaquer un mercenaire de la guilde.

Des bases en magie hum... c'était vague, mais si l'elfe avait voulu en dire plus il l'aurait fait. Nareylen verrait bien en temps et en heure. Au moins, ça leur faisait un duo équilibré, puisque elle était plus physique que magique. Ils devraient pouvoir se compléter s'ils tombaient sur des créatures trop nombreuses ou dangereuses. Mais la mercenaire comptait bien éviter autant que possible ce genre de rencontres fâcheuses. Elle hocha un peu la tête pour elle-même avant de répondre.

- Dès que le prix sera fixé.

Elle en donna un assez élevé, mais pas non plus trop exagéré. Elle se basait sur la difficulté de la mission et les moyens dont semblait disposer l'elfe. S'il avait pour une quelconque raison menti et n'était pas aussi bien muni qu'il le paraissait, il s'en mordrait les doigts. Sinon cela ne devrait pas lui poser de problème. Son prix était fidèle aux tarifs et à la réputation de la guilde.

- Et je suis prête à partir immédiatement.

Nareylen n'avait rien de particulier à faire avant le départ. Le sac qu'elle portait en bandoulière contenait déjà tout son stock de nourriture et d'eau nécessaire à son expédition, et même un peu plus, ainsi que ses "armes", un petit couteau pratique, une bourse et une pierre à feu, des fois qu'ils passeraient la nuit dans la jungle. Elle aimerait éviter, mais, si elle savait où se trouvait le temple grâce aux indications de son client, elle ignorait le temps que cela prendrait. Elle n'en avait qu'une petite idée. Mieux valait prévenir que guérir, et de toute façon elle avait toujours ces objets vitaux sur elle, où qu'elle soit.

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