Un beau jour pour un commencement. [Fini]

Kneas est un jeune homme, à n'en pas douter, très grand. S'il est déjà tombé nez à nez avec des créatures le faisait passer pour une ridicule brindille, il reste néanmoins plus grand que la majorité des gens de sa race. Imposant de par sa taille, il ne l'est néanmoins pas de par sa carrure. Son corps est élancé et mince. Avouons le, il n'a pas l'air d'un adversaire puissant, lorsqu'il est entrevu au loin. Passons sur ce détail. Son visage, à l'image de son corps, est fin. Ses cheveux sont châtains,ébourrifés, et surtout très longs. Ils lui arrivent à peu près aux mollets. Pour ne pas être gêné, il se contente la plupart du temps d'en faire une queue de cheval rapide et remplissant efficacement son rôle d'anti gêne ; ses yeux ont une couleur claire rappelant celle de l'automne. On le voit sans trop faire d'efforts, la couleur dominante dans ses vêtements est à n'en pas douter le rouge. Il porte la plupart du temps un ensemble lui permettant de se mouvoir aisément, c'est à dire une veste et un pantalon tous deux amples, de couleur rouge et noire. Une épaisse ceinture de tissu fait frontière entre le haut et le bas. Son pantalon, ample, permet de dissimuler dans une moindre mesure les mouvements de ses pieds, ce qui est notamment pratique en combat. Il porte des sandales banales. Sa tenue n'est pas celle d'un combattant, et elle ne lui procure absolument aucune défense quelle qu'elle soit. Il n'est pas rare de le trouver torse nu, puisqu'il n'apprécie que tout relativement le port des vêtements et qu'il se l'impose pour rester politiquement correct. Notons sur son accoutrement l'apparition récurrente du motif de la feuille d'automne ; qu'il affectionne, peut être à cause du regard attendri qu'il porte aux arbres et à leur cycle, ayant longtemps vécu dans la forêt.

Notre petit grand homme est une personne ma foi fort sympathique. Il a longtemps vécu en forêt, et certains usages quotidiens lui échappent un peu, il reste néanmoins éduqué et a connaissance des bonnes manières, sous, certes, une forme un peu rudimentaire. Il est ouvert et aime discuter pour peu que l'on trouve un sujet qui lui plaise. Son trait de caractère dominant est surement la curiosité. Il veut savoir, il veut tout savoir. Il est extrêmement curieux de tout et chaque chose nouvelle qu'il apprend l'emplit d'une intense sensation de satisfaction. Il a une sorte de fureur irrépressible qui le force à fouiner partout où il pressent une quelconque anomalie... Et c'est comme ça que lui est venue la passion de l'histoire. La connaissance du passé étant à son goût bien trop lacunaire, il veut résoudre les mystères laissés en suspens par ses compères et partir à la recherche de toutes les folies dont un homme peut rêver. Temples piégés ? Il adore ça ! Pierres magiques ancestrales ? Il suffit de trouver la carte ! Aucun challenge ne l'effrait et rien ne saurait le faire renoncer à cette passion. Cela nous amène au tempérament du jeune homme. Il est enthousiaste, il s'emballe vite, il est souvent étourdi, mais sa concentration vaut celle de dix personnes. Le voir plonger dans un livre ou écouter les récits d'aventuriers suffit pour en témoigner... C'est une personne appréciable et appréciée, qu'il fait bon croiser sur sa route. Si vous avez des ennuis, ses kilomètres de bras se tendront vers vous, et au bout de ceux ci se tiendra sa main.

Le monde est une ruine. Tout ce qui n'est pas détruit l'est parce qu'il a été reconstruit.... Le monde est guerre, conflits, et ceux non déclarés sont ceux que l'on complote au sein d'une même nation. Sauf que tout ça, Kneas ne le sait pas encore, le voilà, qui naît. Ses parents sont de modestes travailleurs de tous les jours qui font leur argent sur le dur labeur qu'ils fournissent. Ce n'est pas facile tous les jours, mais il y a des choses que l'on doit prendre le temps de faire, et celle-ci en fait partie. Habitants d'Almare, ils décident de récolter provisions et courage pour finalement partir en bateau dans la forêt immaculée, où ils s'installeront à l'ouest, dans le but de s'éloigner un peu du tumulte de la ville et d'avoir plus de temps pour s'occuper de leur nouveau né. Les villages n'étant pas très nombreux, ils se contentent de construire une maisonnette en matériaux basiques, soit le bois et la pierre, fortifiant notamment les fondations. Cette maisonnette est petite, mais parfaite. Elle est chaleureuse, et il y fait bon vivre. Le temps passe, le bébé devient un enfant.

Il grandit au rythme qui lui convient, puisqu'ici, rien ne lui met une quelconque pression. Il regarde avec émerveillement les arbres dont les couleurs changent avec les saisons, il pourchasse les insectes en riant niaisement... Des petites occupations de petit enfant. Ses parents lui donnent le minimum de l'éducation, de façon à ce qu'il puisse faire le minimum de la vie de tous les jours. Les bonnes manières, lire, écrire, compter, parler l'arlunnien, ces choses là qui deviennent vite indispensables. Au début, ils vivaient totalement indépendamment de tout le reste, dans leur petit bout de forêt qu'ils connaissaient maintenant par cœur. Mais dans les saisons comme l'hiver où l'on ne pouvait pas récolter et que les poissons se faisaient rares sur la côte, ils étaient obligés de passer une petite semaine à aller à Almare, où ils pouvaient acheter de quoi se nourrir, au moins pour un certain temps. C'est dans ces voyages de nécessité que Kneas découvrit la grande bibliothèque d'Almare. Imaginez les yeux d'un enfant découvrant une chose aussi grande et aussi imposante ! Il avait déjà lu les livres de contes que ses parents lui avaient offerts, il avait déjà lus des recueils de nouvelles enfantines, mais il n'avait jamais vu autant d'ouvrages, s'étendant sur une aussi grande surface. Il courrait et regardait partout, sur toutes les étagères, dans un profond désespoir, il constatait que tous les livres sur lesquels il posait ses yeux avaient l'air excessivement intéressants. Ses parents, eux mêmes de gros lecteurs, choisirent de lui en prendre une dizaine traitant de plusieurs sujets différents. Certains traitant de sujets matures, d'autres de sujets quotidiens, pour le coup, on donnait vraiment dans la diversité.

De retour dans sa petite cabane, il passa une grande partie de son hiver à lire dans la chaleur du feu domestique. Il avait appris des petites et des grandes choses ; l'artisanat et la sculpture du bois en objet du quotidien, les rudiments de la magie, les secrets de l'énergie qu'elle utilise, les bases de certains arts martiaux, celles de la cuisine, aussi. Au milieu de tous ces livres, certes intéressants, s'imposait un livre d'histoire semblable de par son volume à un dictionnaire. C'est ce livre qui fascina le jeune enfant. Il passa des semaines entières à sa lecture, il se sentait émerveillé par une diversité aussi énorme du patrimoine arlunnien. Il questionne son père et sa mère, il veut en savoir plus, il veut tout savoir, même ! Malheureusement, ils lui expliquent que beaucoup de choses restent encore à découvrir et que personne n'a encore tout découvert et tout mis sur papier. Une flamme brûle dans les yeux de la petite créature, il décide avec ferveur qu'il sera historien, quoi qu'il lui en coûte. Les allers et retourne vers la grand ville d'Almare se multiplient et l'enfant se fait une véritable petite bibliothèque personnelle.

Le temps passe. Et l'enfant devient adolescent. Il court et saute d'arbre en arbre. Il a prit l'habitude de croiser des créatures telles que les sangliers ou les ours, dont il ne se défait pas sans difficulté, mais qu'il arrive à repousser. Ses journées, depuis quelques années déjà, se rythment au fil de ses lectures et de ses combats. Il se "forge" dans un arbre abattu un Bō sur mesure - puisque l'adolescent fait déjà plus de deux mètres - , l'assistant dans ses défis de tous les jours. Certains rient, disant que l'arme est inoffensive et qu'un coup de bâton remplira aussi bien ce rôle. Ce qu'il ne disent pas, c'est qu'une arme aussi longue démultiplie immensément la force du coup donné, que l'avoir dans un bois solide et souple le rend extrêmement maniable, et que la portée qu'elle offre est démentielle, la rendant fatalement, dangereuse pour l'adversaire. On pouvait acheter des armes à Almare, mais le soucis de celles ci, c'est qu'elles se brisent. Autant éviter de s'habituer à l'utilisation d'une arme si elle est éphémère. Ainsi, l'adolescent n'utilisait que son corps et son Bō, ça lui suffisait amplement. Jusqu'au jour où il se rendit compte que la force physique n'était pas suffisante pour se défendre de créatures de tous types.

Utilisateur de luxomancie dans sa forme la plus basique, les livres lui avaient appris la nuit à se passer d'une torche. Ce n'était cependant pas des plus utiles au combat. Il savait sur quoi il risquait de tomber dans la forêt où il résidait, et il savait donc aussi quand il devait fuir et quand il pouvait affronter sa cible. Un jour comme un autre, il chassait et en profitait pour cueillir ce qu'il trouvait dans les arbres, de manière à ramener de quoi manger le soir au petit cabanon. Il vit sur le sol une charogne qui semblait avoir été tuée très récemment : la décomposition n'avait pas encore commencé. Il s'approcha, et se pencha en avant pour examiner la dépouille. Une racine sortit du sol et s'enroula autour de son cou, pour le faire basculer en avant. Il se releva précipitamment, arrachant la racine ; c'était une embuscade de Gobelours. Il resta sur place, en position défensive, pendant une trentaine de secondes. Il fallait qu'il bouge, vite, très très vite. Il pouvait affronter un Gobelours, certes, mais pas une dizaine. Il devait faire diversion pour s'enfuir au plus vite, et la luxomancie ne suffirait pas. Il réfléchit. Il avait appris des choses sur la magie, mais y penser très fort n'allait pas envoyer sur ses adversaires une vague de sortilèges explosifs. Au point où il en était, autant essayer de faire quelque chose... Il connaissait le sentiment que l'on ressentait lors de l'utilisation de l'énergie magique, grâce à ses bases de luxomancie. Il se concentra sur ce sentiment précis, qu'il intensifia autant que possible. Il canalisa cette énergie dans sa main droite, et la lança en plein visage d'une des bestioles lui faisant face. Pendant que ses compagnons le regardaient, hébétés ; l'adolescent prit la fuite. Utilisant son Bō comme une perche, il sauta sur une branche à environ 3M du sol, avant de s'enfuir plus profondément dans la forêt. Il fit des détours immenses pour semer ses prédateurs. Il fallait qu'il détermine quelle était leur territoire, pour ne plus y retourner. Après une bonne demi heure à courir, il les avait semés. Il rentra à un rythme un peu plus détendu à son lieu de résidence où il montra à ses parents ses progrès en tant que mage.

Encore ici, le temps fila à son rythme. Kneas avait 20 ans, et était officiellement majeur en Almarie. Il était pensif, et passait ses journées à méditer sur la même question. Il voulait partir, explorer, découvrir, voir toutes les choses qu'il a lues avec ses propres yeux, les dessiner... Ce qu'il voulait, c'était partir à l'aventure, le mettre sur papier, et en faire une oeuvre reconnue. Cependant, il ne pouvait pas abandonner ses parents. Ils commençaient à se faire vieux, et les laisser seuls dans la forêt, il avait du mal à se faire à l'idée. Néanmoins, ceux-ci vinrent d'eux même voir le grand enfant et lui ordonnèrent formellement de partir. Ils refusaient de le voir s'amputer de ses ambitions pour une raison qu'ils jugeaient stupide. Kneas ne savait pas trop comment réagir, mais finalement, à l'aube de ses 21 ans, il prit son envol. Un élégant firmament de lumière traversait les feuilles de l'épaisse forêt, éclairant un sourire triste de ses parents. Bien sûr, ils auraient aimé l'avoir avec eux un peu plus longtemps, mais ils s'étaient déjà préparés aux aux-revoirs.

C'est une belle journée pour un commencement.